Projet financé par la Maison des Sciences de l'Homme en Bretagne (MSHB)
Responsable scientifique : Guillaume L'Oeillet (CREM, Université Rennes 1)
Le projet, les enjeux
Ce projet de recherche porte sur les changements attendus de la gouvernance des banques centrales après la crise économique. Pluri-disciplinaire, le projet mobilise trois économistes bretons de l'Université de Rennes 1, de l'Université de Bretagne Sud, de l'Université de Bretagne Occidentale, un politiste, un sociologue et un juriste.
Ces chercheurs souhaitent identifier les changements imposés par les récents évènements et voir en quoi cela va impacter les missions et l'organisation des banques centrales, notamment dans le cas européen. Ils interrogeront également le principe d'indépendance à la lumière de la décennie passée afin de savoir si ce principe est amené à évoluer dans un nouveau contexte démocratique où la technocratie et les institutions européennes sont remises en question. On se demandera enfin si la recherche de stabilité financière va modifier les relations entre les banques centrales et la sphère financière.
Équipe et partenaires
Résumé
Jusqu’à la crise, la gouvernance externe des banques centrales était dominée par le concept d’indépendance des banques centrales vis-à-vis du politique pour éviter la manipulation de la politique monétaire à des fins électoralistes. Cette dimension portait simplement sur la transparence des banques centrales et la communication avec le public. Quant à la gouvernance interne des banques centrales, elle concernait surtout le design institutionnel et la composition des comités de politique monétaire. La crise semble avoir modifié la dimension du rôle et de la place de l’institution monétaire dans nos sociétés.
De fait, l’indépendance vis-à-vis de la sphère politique a été questionnée lorsque la gravité de la crise a imposé une coordination renforcée des politiques économiques que l’on pensait moins évidente depuis la « grande modération » caractérisant les années 80. Par ailleurs, la stabilité des prix ne constitue pas un rempart contre les crises financières. La stabilité financière est alors remontée dans la hiérarchie des objectifs des banques centrales. Cette transformation pourrait avoir des conséquences plus larges sur l’organisation et le rôle des banques centrales dans nos sociétés : à l’indépendance vis-à-vis du politique, on peut ajouter l’indépendance vis-à-vis des financiers. La nouvelle théorie de la gouvernance se doit donc d’incorporer le risque de capture de la banque centrale par les intérêts financiers.